Les projets de rénovation urbaine des quartiers d’habitat social : une opportunité à saisir, vite !
Par Gilles Garcia le 31 mars 2007
Thème(s) : Bâtiment, Aménagement, urbanisme, production
Mots clés : ANRU, logement social, rénovation urbaine, urbanisme
L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) a été créée en 2004 pour subventionner massivement les opérations de restructuration des quartiers d’habitat social les plus dégradés. Son programme – déjà largement engagé – vise à construire 250 000 logements locatifs sociaux, en détruire autant et en réhabiliter 400 000 d’ici 2013. Sur cette période, près de 35 milliards d’euros devraient être mobilisés par les opérations soutenues par l’ANRU. Au-delà des interventions sur le logement lui-même, l’ANRU peut aider les opérations afférentes sur les espaces et équipements publics, les déplacements locaux, les infrastructures économiques locales (commerce de proximité, immobilier d’entreprise…). Enfin, l’ANRU finance l’ingénierie de projet (études, expertises, conduite de projet, concertation locale…).
Les pouvoirs publics disposent donc là d’un formidable levier pour promouvoir l’efficacité énergétique dans le logement social, aussi bien dans le neuf que dans l’ancien, et au-delà, améliorer le bilan carbone de morceaux entiers du tissu urbain en jouant sur la localisation des équipements et des activités, sur la demande et l’offre de déplacements locaux, etc.
Ainsi, l’octroi de la subvention de l’ANRU pourrait être conditionné par la réalisation d’un diagnostic énergie/carbone du projet et le choix de la variante la plus avantageuse. Ce diagnostic lui-même pourrait être financé par l’ANRU. Les éventuels surcoûts d’investissement générés par un choix avantageux en terme de bilan énergie/carbone pourraient bénéficier d’un taux de subvention ANRU majoré. L’innovation, l’expérimentation, les opérations de démonstration - par exemple en matière de recours aux énergies renouvelables, aux techniques de l’habitat bio-climatique, aux matériaux de construction performants, de développements de l’intermodalité dans les déplacements locaux… - pourraient également bénéficier d’un bonus de l’ANRU.
Or ce levier est inutilisé. La commande politique passée à l’ANRU était, lors de sa création, et est restée aujourd’hui de « faire du chiffre » en réponse à la situation d’urgence, bien réelle, dans laquelle se trouvent bien des quartiers visés par ces opérations. Du coup, en trois ans, l’ANRU s’est engagée (conventions signées) à hauteur de 20 milliards d’euros, sur plus de 300 quartiers représentant plus de 2,5 millions d’habitants… mais avec une influence limitée sur le contenu des projets et en tout cas, apparemment, sans aucune exigence quant à l’efficacité énergétique et les émissions de GES des projets. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir le numéro spécial ANRU que vient de publier la revue « Urbanisme » (en téléchargement libre et gratuit) sous le titre « Enjeux, mise en œuvre, qualités »: en dépit de son actualité… brûlante, la question brille par son absence !
Il suffirait pourtant de peu : le conseil d’administration de l’ANRU regroupe les représentants des bailleurs sociaux et les principaux ministères concernés, y compris celui de l’écologie et du développement durable. Il ne manque que l’impulsion politique, et peut-être un peu d’expertise ad hoc, tant au sein de l’ANRU que de son administration de tutelle, la délégation interministérielle à la ville. Au plan local, une invitation aux élus locaux, porteurs des projets, et aux délégués territoriaux de l’ANRU (préfets ou DDE), qui les instruisent, à travailler en meilleure liaison avec les délégations régionales de l’ADEME pourrait aussi être utile.
Tout cela ne coûterait pas grand-chose en regard des masses de crédits que manie l’ANRU. C’est surtout une question de choix - et donc de volonté – politique.
Quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes à la fin du printemps, l’ADEME devrait l’interpeller sur cette opportunité que nous sommes en train de laisser passer.
Vous avez parfaitement raison.J.L.Borloo et N.Fontaine, en charge de ce dossier, ont été interpelés à ce sujet par écrit . La réponse a été qu’ils avaient pleine conscience de l’intérêt de bien construire à cette occasion et que bien sûr ce serait fait.
effectivement…..ce sera fait encore une belle parole de politique….
ayant travaillé en tant que stagiare assistant animateur technique pour un grand office hlm j’ai eu l’occasion de participer à l’élaboration du dossier anru concernant notre cité…. certes on parle de batiments de logements décents, de nouveaux accés de construction a taille humaine etc… etc… mais la part des EnR la dedans reste inexistante le peu d’initiatives prise est de suite anéanti par le sommes mises en jeu qui au regard des trvaux ne permettent pas d’investir a grande échelle dans les EnR…. pour ma part je considère que ce type d’organisme qui a pour mission premiere de recréer un tissu urbain propre à un mieux etre de l’humain dans la ville doit avoir une dimension naturelle écologique et surtout APOLITIQUE et GENEREUSE… pour que l’economie se redresse il faut savoir repartir sur des bases saines…. étant fervent defenseur des EnR j’avais eu l’occasion de discuter avec mon responsable d’agence qui a cette époque m’a répondu que vu les renovations a faire sur des batiments non isolés les EnR restent une utopie et bien c’est bien dommage…..
a quand une organisation forte un lobby pro EnR et anti nucléaire…. indépendante….je pense me dissoudre dans des considérations diverses mais la fougue de la jeunesse est la….. et si ca ne bouge pas plus vite on va faire bouger tout ca….
Demander à l’ANRU de participer à la lutte contre l’effet de serre est tout à fait bienvenue. Au préalable il faudrait s’interroger sur les buts prétendus de cette agence à propos de la rénovation urbaine et de son caractère social. Je ne suis pas en mesure de faire un bilan pour la France mais je constate que sur la ville de Perpignan des sommes colosssales sont englouties pour des rénovations de places publiques avec abattages de nombreux arbres et que pour les quelques immeubles rénovés le caractère social n’y est pas du tout. Dans mon immeuble par exemple, les locataires ont été harcelés pour déguerpir et la spéculation immobilière par vente à la découpe se profile !
Une commission d’enquête parlementaire sur l’ANRU me paraîtrait nécessaire avant de lui proposer d’autres taches.