Mobilisation générale
Par cyberic71 le 2 avril 2007
Thème(s) : Consommation, décroissance
Mots clés : groupes, guerre, incitation, mesure, mobilisation
Nous sommes entrés dans un nouveau type de guerre. Dans les guerres classiques, l’ennemi est l’étranger; dans les guerres civiles, l’ennemi peut être mon voisin ou mon frère, mais dans la guerre contre le réchauffement climatique, l’ennemi c’est moi-même. Pour gagner cette guerre, il me faut en effet lutter contre mon goût du confort, de la vitesse, de l’exotisme, de la mode, contre mon ignorance, ma négligence, mon conformisme …
Bien que j’en sois plus ou moins conscient, rien ne m’incite vraiment à sortir du mimétisme, car le son du canon ne me parvient pas encore. Je reçois bien quelques nouvelles du front, mais il est encore loin. A l’arrière, on continue à jouir des ressources naturelles sans pénurie ni restriction notable ni être le moins du monde inquiétés par nos gouvernants qui ne jurent que par la croissance. Pourquoi serait-ce à moi de faire le premier pas ?
Renoncer à mes vacances à l’île Maurice ? Une molécule dans un nuage de CO2 ! Et puis l’avion partira quand même sans moi ! J’en ai vraiment besoin, je suis un peu déprimé !
Isoler mon logement ? Je ne peux pas, il y a des corniches anciennes au plafond ! Je n’ai pas le temps de le faire et les artisans sont surchargés ou hors de prix !
Aller faire mes courses à vélo ? Il fait encore un peu froid ! Et puis il risque de pleuvoir au retour. Et si j’ai un coup de coeur pour une plante verte, comment je fais pour la ramener ?
En effet, si je suis seul à faire le premier pas, ce n’est pas la peine de livrer bataille. La guerre est perdue d’avance. Il faut une mobilisation générale ! Et la mobilisation doit être rapide et massive. Tout le monde, partout.
Comment y parvenir ?
Je n’ai évidemment pas la solution, mais voici quelques pistes :
- constituer des petits groupes de volontaires avec pour objectif d’abord de mesurer leurs consommations (ou leur empreinte écologique), puis de les comparer à des standards et enfin de partager les meilleures pratiques pour les réduire. Cela se fait déjà dans certaines villes pour l’électricité ou les ordures ménagères.
- s’inspirer des systèmes de vente pyramidale à domicile (les membres d’un groupe sont incités à se former et à constituer d’autres groupes) pour que ces groupes se multiplient à un rythme exponentiel
- au niveau de l’état, accompagner cette mobilisation par des campagnes de presse. Faire travailler les meilleurs publicitaires et spécialistes du marketing pour que cela devienne “tendance” de réduire son empreinte écologique.
- Toujours au niveau de l’état, encourager l’action par des incitations fiscales et une augmentation progressive et programmée des taxes sur le carbone
Je me permets juste cette remarque.
La guerre qu’il faut actuellement menée n’est pas une guerre contre l’étranger, ni contre son voisin, ni contre soi-même, mais contre le manichéisme. Pourquoi en effet opposer systématiquement actions individuelles et actions collectives ? N’est-il pas possible n’éviter de voyager en avion ET DANS LE MEME TEMPS de faire des groupes de reflexion ? N’est-il pas possible de manger des fruits et légumes de saison ET DANS LE MEME TEMPS d’encourager son entourage à en faire autant ? N’est-il pas possible de moins se déplacer en voiture ET DANS LE MEME TEMPS d’attendre avec impatience des campagnes de presse ? N’est-il pas possible d’isoler son logement, de moins se chauffer, de ne pas gaspiller l’eau ET DANS LE MEME TEMPS d’en appeler au gouvernement pour des incitations fiscales et une taxe carbonne ?
J’en ai vraiment assez de ce raisonnement qui consiste à dire oui, mais uniquement si l’action est collective. Bien sûr qu’au final, si rien n’est collectif, rien ne changera. Je ne dis pas (que l’on se comprenne bien) qu’il faille se mobilise seul et ne rien attendre du collectif. Mais à la fin, pourquoi l’un devrait-il necessairement exclure l’autre.
Je pense qu’il faut arrêter avec cette logique manichéenne qui, au final, incite à ne rien faire.
Je dis OUI pour une mobilisation individuelle ET OUI AUSSI pour une mobilisation collective et si cyberic71 à peur de se mouiller en vélo, je pense que rien ne l’empêche là aussi de mettre un kway.
Utiliser des végétaux à haut rendement ( miscanthus )comme combustible et
cesser de brûler des combustibles fossiles et sortir ainsi du nucléaire.
Paul.
Bien sûr que si il existait UNE solution pour régler le problème du réchauffement climatique, il faudrait absolument la faire appliquer à tous. Mais la société créée par l’homme est complexe et on hésite quelque fois à effectuer un geste qui semble de bon sens car il pourrait générer plus de mal ailleurs (ex : acheter du café équitable d’Amérique du Sud mais que devient l’entreprise régionale qui fabrique du café depuis plusieurs décennies si je ne lui achète plus son café et si tout le monde fait comme moi ?).
Les mesures prises actuellement pour lutter contre le réchauffement climatique s’intègre dans un développement économique libéral. Certes, certains politiques se gaussent de faire du “développement durable” (quelquefois depuis longtemps même avant que ce concept n’émerge, à voir…).Mais dans développement durable il y a quand même le mot “développement”. Je me pose beaucoup de questions sur les solutions à trouver ici chez moi, dans ma ville, ma région, mon pays, ma planète qui iraient dans le bon sens d’une baisse des émissions de GES et je me demande de plus en plus si il ne faut pas tout “simplement” revoir notre façon de “vivre”, c’est à dire de travailler, consommer, réfléchir. Je ne sais pas si notre monde économique est compatible avec la baisse effective des émissions de GES. Et comment pouvons nous, nous occidentaux privilégiés des pays riches, dire à des pays émergents économiquement de ne pas légitimement accéder au confort matériel dans lequel nous vivons ?
Bien sûr que ce ne sont pas des raisons pour ne rien faire. Mon métier est de rechercher les économies de fluides (eau énergies) des bâtiments gérés par la ville où je travaille. Dans mon quotidien, en fonction des contraintes à gérer, j’essaie d’avoir quelques gestes écocitoyens. Mais même avec eux, je bouffe encore presque trois planètes !!! Sans parler des émissions de GES que je génère !!
Je suis maintenant à peu près persuadée que nous n’arriverons pas à sortir du réchauffement climatique sans une profonde mutation de notre société. (au sens large, pas que la française, la mondiale !!) Seulement dans notre pays, en ces temps de campagne politique, qui oserait proposer cette mesure ? C’est pas très, excusez moi de l’expression, très “bandant” de dire aux gens : “bon allez retroussons tous nos manches, faisons vachement tous attention à nos gestes pour la planète et votre i-pod là sur lequel vous louchez depuis plusieurs semaines, vous l’achetez pas hein, parce qu’il a généré autant de kg de CO2 pour le manufacturer alors c’est pas bien !!”
Inimaginable !!
Bien évidemment, cet exemple est caricatural.Et cette mutation qu’il faudrait engager doit se faire progrssivement de façon à préserver les emplois, à en créer de nouveaux des écologiquement et éthiquement utiles pour la planète. J’ai bien conscience que le commun des mortels doit se sentir comme moi, vachement impuissant face à un monde dont il a du mal à saisir toutes les données. Parce que çà finit par faire un sacré blougi- boulga dans lequel il a du mal à voir en quoi il peut être un petit levier qui s’ajoutant aux autres pourraient changer la face du monde. N’empêche il est persuadé qu’il faut le faire, mais faut commencer par où , putain ? Et pour qui y faut voter aux Présidentielles ? Qui c’est qui va avoir le courage d’agir après le discours ? Parce que signer un pacte écologique, c’est bien, mais l’appliquer ce serait mieux !! Et çà l’électeur, il a quoi comme garantie de savoir si le candidat pour lequel il vote, si il est élu, il va bien le mettre en application ?
Ah oui, si tout était aussi simple que d’appuyer sur l’interrupteur pour éteindre la lumière. Ah çà peut commencer par çà ? Ah ben allons y alors !!
Léon, rassurez vous, je n’ai pas peur de me mouiller …
Je ne dis pas qu’il ne faut pas individuellement faire le premier pas, mais simplement que dans nos sociétés humaines où le mimétisme joue un grand rôle, on ne pourra se passer d’une mobilisation générale si on veut se mettre en marche rapidement.
Je n’ai pas l’impression que le slogan “Faisons vite, ça chauffe !” soit autant rentré dans les esprits que le “En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées” des années 70.