Etiquetage CO2 et autres GES
Par titijt le 5 avril 2007
Thème(s) : Transport, Consommation, décroissance, Aménagement, urbanisme, production
Mots clés : étiquetage, co2, GES, produits
Je rebondis sur la contribution de fthanron de procéder à un étiquetage du cout energetique des produits de consommation….
C’est une très bonne idée qui mérite d’être développée.
La société telle qu’elle est actuellement démontre son incapacité à préserver l’environnement. Seule la rentabilité économique entre en ligne de compte dans les prises de décisions qu’elles soient individuelles ou d’entreprises ou même d’état. En gros, l’environnement est pris au piège de la logique économique puisque le cadre légal le veut ainsi.
En tant que résidant guyanais, un exemple frappant de ce qui précède est fourni par du ….riz. Traditionnellement, en Guyane, on produit du riz. Jusqu’à un passé récent, plusieurs compagnies se partageaient les rizières. Depuis quelques années, un groupe international espagnol a pris pied localement en rachetant une de ces entreprise, puis une autre….
L’immanquable s’est produit, par souci de rentabilité, on a fermé une des deux usines. Celle qui reste ne permet pas de produire du riz blanc (alors que l’autre le pouvait) est restée en activité.
Jusqu’alors, le riz guyanais était produit localement et emballé et alimentait le marché local, le surplus étant exporté. Les cartes ont changé. Désormais, on expédie le riz en Espagne où il est débarassé de son enveloppe et est empaqueté avant de retraverser l’atlantique pour se trouver dans les étalages guyanais.
Mais voilà, c’est plus rentable comme ça (économiquement et seulement économiquement bien sur).
A ce niveau intervient l’affichage du cout environnemental du produit. Toujours dans le cas de notre riz, la note serait salée mais le coût de production du riz de par le monde (main d’oeuvre et réglementation environnementales souples) est tellement faible que je ne vois pas comment par le seul affichage on fera changer les habitudes de la société (il s’agit même ici de son mode de fonctionnement). Seuls quelques “engagés” seront prêts à payer des produits propres plus chers.
Si l’on fait un parallèle avec le tabac, l’affichage en caractères gras de “fumer tue” est beaucoup moins efficace pour dissuader les fumeurs que l’augmentation des taxes. Je ne dis pas qu’il faut faire de même pour l’environnement puisqu’il existe une alternative…Il n’existe pas de tabac bon pour la santé mais en faisant évoluer les modes de fabrication des produits, on peut en diminuer l’impact. Toujours est-il que ce qui oriente les choix est l’argument financier. La solution est a mon avis hybride et consiste à touver un équilibre en augmentant le prix des produits “sales” et en baissant celui des produits propres pour les rendre plus attractifs que les premiers.
Dans ce cas, la créativité des fabriquants sera libérée et la baisse des couts de productions e l’augmentation perpetuelle des marges qui nous gouverne sera mise contrainte et forcée dans la direction du développement durable.
Dans un premier temps, l’affichage serait interessant mais devra rapidement évoluer pour constituer un support d’assiette de taxe (pourquoi pas la TVA indexée sur un indice environnemental permettant de moduler de 0 à 33%).
Reste à savoir ce que l’on prend en compte dans cet indice. Si l’on reprend encore l’exemple de notre riz : il est officiellement produit en Espagne. S’arrêter à considérer l’énergie de l’usine Espagnole et le transport retour, on passe à coté de nombreux paramètres :
- Le trajet aller. Cet indice doit prendre en compte l’indice de toutes les matières premières entrant dans le produit final en production et transport. Matière première qui en cascade répercutera et cumulers l’ensemble des indices de ses sous-matières premières. Cela devrait rapidement inciter les producteurs à réfléchir à la distance de leurs approvisionnements pour améliorer leur rentabilité.
- Dans les coûts de production, devront être intégrés le cout environemental des personnels et bureaux (chauffage…), bref, tout ce qui touche à l’entreprise et notamment les couts des déplacement domicile-travail des employés et leurs déplacements professionels. Cela ouvrira des voies d’amélioration sociale ( télétravail, organisation de transports collectifs) et permettra d’intégrer au processus environnemental les activités de services.
A ce moment là, l’économie se retrouve prise au piège de l’environnement qui devient l’enjeu de rentabilité économique et de concurrence sans que les prix évoluent de manière sensible.
Avec quelques mesures fiscales, on peut redresser la barre en ayant toutefois ménagé un temps d’adaptation nécessaire à la mise en place d’un indice fiable.
Si seulement les pays riches (europe, amérique du nord japon) mettent en place de tels dispositifs, ces pays consommant la majorité des produits du monde, la mondialisation de l’orientation de la concurrence serait inévitable et rapide.
Même si un système plus efficace qu’une TVA à reimaginer existe (mise en place d’un quota individuel de CO2 fondé sur l’indice précité) il imposerait une double comptabilité (monétaire et CO2) utopique à mettre en place bien qu’il permettrait au travers d’une bourse mondiale de conduire à des transferts d’argent des pays consommateurs vers les pays sous-consomateurs assistant leur développement (fondement du développement durable) développement se faisant au travers de produits optimisés environnementalement puisque la recherche et développement des pays industrialisés tournerait à plein régime.
En résumé, en dessous des lipides (nocifs à notre santé), une ligne gaz a effet de serre (nocifs à celle de nos enfants présents et à venir) mais qui sert à déterminer le prix final du produit ce qui se révèlera plus efficace qu’une ligne goudrons d’un paquet de cigarette à bas prix.
Votre intervention est très pertinente et rejoint ma proposition de taxe carbone 2.0 pour laquelle je préconise de taxer toute marchandise importée si une production locale existe.
Le problème de tout cela est que les instances de l’UE et de l’OMC s’opposeront forcément à ce qui sera perçu comme du protectionnisme.
Nous ressentons là pleinement le manque de gouvernance mondiale et surtout le fait d’avoir mis la charrue bien avant les boeufs, à savoir d’avoir crée une mondialisation du commerce et de la finance bien avant la politique.
De plus, et même si je vote 5 pour votre intervention, il nous manque toujours le politique qui aura le courage de s’opposer à certaines intérêts privés au nom de l’environnement.
Votre exemple du riz est édifiant au même titre que celui des tomates qui se croisent dans Fourvière, certaines de Finlande pour l’Espagne et les autres du Portugal pour la Suède.
Tout cela est profondément débile et je pèse mes mots, mais tant que ceux qui pensent “le marché a toujours raison” sont majoritaires, je ne vois pas comment avancer.
Et faire rentrer dans la tête de certains que le marché doit être sévèrement encadré pour limiter de telles dérives n’est pas chose facile.
Je suis relativement d’accord avec vous, et sur ce sujet, je vous conseil de lire (si ce n’est pas déjà fait) le très bon livre de Jean Marc Jancovici “le plein s’il vous plait” (existe en poche pas cher)
Dans ce livre il explique et démontre l’intérêt d’une taxe croissante sur les énergies, avec des compensations sociales.
Stéphane
Tout à ait d’accord, il faudrait au moins mettre en place une éco-étiquette sur tous les produits comme il existe aujourd’hui sur les autos, appareils ménager.
Si je suis d’accord sur le fond, certains éléments me plaisent moins dans votre idée.
Je vais commencer par commenter l’idée de romu de vouloir imposer une taxe sur les produits importés : de cette façon, vous n’échapperez pas à l’étiquette de protectionniste. Pourquoi tout simplement ne pas imposer cette taxe à tout le monde ? Les producteurs locaux, du fait de transports bien moindres, auront de toute façon un avantage certain sur les importateurs. C’est flagrant en reprenant l’exemple du riz !
Plus globalement, plutôt que de procéder par ajustements et cas particuliers, il me semble qu’une véritable politique de développement durable passe par l’instauration dans un premier temps d’un étiquetage puis dans un second temps d’une taxation basée notamment sur l’aspect de l’émission de CO2 durant le processus de fabrication/transport du produit (jusqu’à son lieu de vente au client final), mais également sur d’autres problématiques dont malheureusement je n’ai pas conscience, n’étant moi-même pas un spécialiste du développement durable, je l’avoue… Je pense en fait à toutes les sources de “pollution” par une entreprise, dont elle ne paie pas les conséquences et dont les autorités publiques (donc tout un chacun) devra en revanche supporter les coûts (pollution des sols, dérèglement des écosystèmes…).
Bref, le système, à mon avis, devrait être que chaque société intervenant dans le process de fabrication du produit devra prendre en compte un “indice” fourni par ses fournisseurs (d’énergie, de matières premières, de moyens…), ajouter ses propres productions de pollution et recalculer un indice en sortie, pour ses clients, finaux ou pas. Comment calculer cette indice ? Tout simplement en le basant sur le coût que représente la pollution produite divisé par le prix du produit. On aurait donc un indice “coût de pollution par euro de CA” pour chaque produit (ou type de produit) sortant de toute société.
Ce principe est applicable à tout produit (un A380 comme un stylo bille, mais également un service).
Le calcul serait basé sur des coûts de référence pour chaque catégorie de pollution : énergie, transport, chimie… qui existent déjà pour la plupart (vous trouverez des estimations de coûts liés au rejet de CO2 par exemple).
A partir de cela, e simples tableaux tableaux de type “comptabilité analytique” permettrait à toute entreprise de calculer les indices de ses produits. Attention à bien classer les coûts fixes ou variables, directs et indirects. Dnas la pratique ce serait très simple.
Tant que le système se limiterait à l’étiquettage, seul le client final pourrait influer sur les choix des sociétés à baisser ces indices, mais dés qu’on passerait à une véritable taxation liée directement à ces coûts, qui permettait à l’Etat de financer les programmes de traitement et prévention des problèmes occasionnés par xes pollution, les sociétés seraient sous le coup de 2 moyens de pression (client et fiscalité) qui lui ferait choisir les producteur présentant non seulement les produits les moins chers, mais également ceux présentant les produits dont l’indice de pollution est le moins fort, pour se diriger petit à petit vers du mieux disant, plutôt que du moins disant.
Et je pense qu’à ce stade, tout naturellement, un cercle vertueux se mettra en place et les entreprises responsables priviligieraient les autres entreprises responsables. Les entreprises irresponsables se retrouvant petit à petit hors course, pour des raisons de coûts (pensez aux taxes que représentent des produits importés de l’autre côté de la Terre) et d’image puisque leurs indices de pollution seront la base de calculs des entreprises de transformation intervenant derrière dans le processus de fabrication du produit !
Reste plusieurs obstacles :
* ce système est un système auto-contrôlé puisque chaque société doit elle même déterminer les coûts qui lui incombent
* Les cas particuliers sont difficiles à traiter (une société qui utiliseraient des avions foncitonnant avec des piles à combustible (en développement pour le moment…), où dont l’énergie serait à 50% issue d’énergie propre autoproduite (cf. l’immeuble Gan en projet à la Défense)
* Et enfin, les taux d’imposition seraient-ils uniques pour tous les produits. Autrement dit : est-il juste d’appliquer le même taux d’imposition basé sur un indice de pollution par euro de CA, à des produits aussi différents que des bananes, des voitures ou des ordinateurs… ? Honnêtement, je ne sais pas ; c’est un point à creuser.
Keven, je trouve votre approche très bonne, je crois que d’autres fils ont aussi mentionné une telle idée.
Mais (je vais me répéter un peu) à ce jour, la volonté politique manque pour taxer tout ce peut mettre en péril la sacro sainte consommation.
Et nous manquons cruellement de gouvernance mondiale, mais ça viendra.