Qui de l’œuf ou de la poule ? (Citoyen ou élus ?)
Par edster le 13 avril 2007
Thème(s) : Consommation, décroissance
Mots clés : Aucun
Pour avancer il faut des décisions et faire appliquer ces décisions. Qui est responsable de la lenteur des avancées en France sur les économies d’énergie ? Les élus ou les citoyens ?
Pour les élus, la réponse est simple (cf par ex discours des assises de l’énergie) les élus sont conscient des enjeux, ils font ce qu’ils peuvent, … mais les citoyens ne sont pas prêts ….
Quand on écoutes les citoyens (par exemple les signatures des engagements du défi pour la terre, les sondages, etc) on constate qu’il sont prêts à agir. Dans les réunions publiques organisées par certaines collectivités sur l’énergie et le climat (Paris, Poitou Charente, etc) les citoyens dans la grande majorité se plaignent que les élus locaux ou nationaux ne sont pas assez volontaristes (responsables ?).
Les élus ont peur de ne pas retrouver leur mandat si ils assument leur responsabilité en proposant et appliquant des mesures d’économies (énergie-GES) nécessaires.
1) Rappel : leur mission n’est pas d’être ré élu mais d’œuvrer pour le bien être collectif donc cela ne devrait pas être une raison de ne pas faire ! Le rôle des élus, et membres du gouvernement n’est pas de répondre aux intérêts particuliers (lobbies et autres amis) mais bien de défendre les intérêts collectifs ex taxe véritable sur les véhicules trop gourmands, même si cela déplait quelques riches égoïstes inconscients. L’intérêt collectif des économies d’énergie n’est plus à démontrer !
2) Les citoyens sont d’avantage prêts à accepter des mesures d’économies d’énergie (et émissions de GES) que les élus ne le pensent. Une étude réalisée en 2003 « parlementaires et environnement ; PROSES Daniel BOY» montre que les citoyens sont plus sensibles à l’environnement que les parlementaires et qu’ils accepteraient plus des mesures contraignantes que les parlementaires. (ex les parlementaires étaient 21% à penser que « Les désordres du climat (tels que les tempêtes ou les inondations en France) sont causés par l’effet de serre » contre 34% du grand public). Les parlementaires étaient 54 % à penser qu’ « Il faudra modifier de façon importante nos modes de vie pour empêcher l’augmentation de l’effet de serre » contre 73% du grand public. Les parlementaires étaient 9% à approuver une mesure qui viserait à « Interdire la climatisation dans les voitures car cela consomme de l’essence » contre 33% du grand public.
Il faut également un peu cohérence au niveau des citoyens pour éviter le type de discours suivant (d’un commerçant) « le maire ne passera pas aux prochaines élections j’ai rien contre, il a fait de bonnes choses mais les travaux du tram vont lui coûter sa place. Le tram je suis pas contre c’est une bonne solution mais là dans la ville ca va être le Bazard ; on va lui montrer … ».
Pour que les calendriers d’actions des politiques ne dépendent plus du calendrier des élections (inaugurations plutôt que travaux dans la dernière année, etc) et bloquent ainsi des projets pendant très longtemps, il faut aussi que les citoyens assument les contraintes inhérentes à leurs demandes.
Je me permets d’ajouter que le rôle d’un élu est de “prévoir”, et bien au délà de son mendat si possible. C’est pas vraiment ce qui se passe, vous en faites l’admirable démonstration.
Maintenant la situation est assez complexe car en voulant réduire vraiment les rejets de GES et notre consommation d’énergie, on peut prendre des mesures efficaces assez vite, mais elles sont assez radicales dans le sens où elles touchent l’emploi de secteurs inutiles à la société (la pub par exemple) et des intérêts financiers…donc pas simple.
Bonjour,
je suis une “citoyenne”, donc je m’exprime de ce point de vue et je contribue en faisant
trois remarques :
1 - Je pense que pour avancer, il faudrait une l’information plus concrète aussi bien des élus, que des citoyens (avantages / inconvénients, dont inconvénients sociaux / coût / annuaire de professionnels pour la mise en oeuvre). Je trouve que cette information est difficile à trouver. Dans les débats publics, tout a l’air parfait mais dès qu’on en parle à un professionnel (qui est déjà difficile à trouver), le discours est bien plus mitigé.
2 - D’après moi, la raison principale pour laquelle les citoyens en font peu est qu’en dehors de l’isolation, il y a très peu d’équipements conçus pour des unités individuelles. On peut parfois trouver celui qu’un savant fou a bricolé dans son garage et qui correspond à votre configuration mais c’est assez rare. C’est dommage car il me semble que les décisions économiques des “citoyens” sont plus libres que celles des élus (pas de marchés publics, d’opposition qui ne veut pas en entendre parler, de budget de la ville en chute libre, etc…) et qu’il serait beaucoup plus facile de diversifier les sources d’énergie en misant autant sur les équipements individuels que sur les équipements collectifs.
3 - Je trouve enfin que le débat sur l’énergie devrait sortir de la langue de bois. Plus on a de réponses à ses questions, plus on passe vite à l’acte. Exemple de questions sur lesquelles j’aimerais avoir des réponses pour avancer : les panneaux solaires sont forcément produits quelque part. Sont-ils aussi polluants que des ordinateurs ? Sont-ils fabriqués dans les mêmes conditions désastreuses ? On entend de plus en plus souvent dire que les biocarburants sont en concurrence avec les terres destinées à l’alimentation, ce qui fait certes remonter les prix agricoles mais qui risque également de provoquer des famines. Le maïs est connu pour être une catastrophe sur le plan écologique (énormes besoins en eau, sans même parler du maïs transgénique). Est-il bien raisonnable d’en planter encore plus d’hectares pour fabriquer de l’énergie, alors qu’on a des tas de déchets dont on ne sait que faire. On a abandonné la construction en bois dans les villes européennes après des incendies gigantesques qui ont ravagé des quartiers entiers. Qu’est-ce qui garantit que la construction de nouvelles maisons en bois n’aura pas les mêmes conséquences dans quelques années ? etc, etc …
Bonjour,
Je suis d’accord avec tout ce qui a été dit jusqu’à présent, et je voudrais juste insister sur les responsabilités de chacun (élus comme citoyens).
Aujourd’hui, nous savons (au moins dans certains cas) ce qu’il faut faire pour faire des économies d’énergie ou diminuer nos émissions de GES. Et dans certains cas, nous savons très bien que ces mesures seront de toutes façons bénéfiques. Il est donc temps d’arrêter de tergiverser et (surtout) de renvoyer la responsabilité à l’autre, et il temps d’agir soi-même.
Pour les citoyens : consommer “intelligent” (en évitant d’acheter des produits qui ont fait 3 fois le tour de la france voire de la planète avant d’arriver dans les magasins…), s’équiper en appareils économes voire en énergies renouvelables (si on en a les moyens), limiter ses déplacements en voiture… Pour les collectivités ou les politiques, améliorer le développement des infrastructures (transports en commun, vélo, équipements énergétiques des écoles, bâtiments tertiaires…), prendre des mesures contre les véhicules polluants et dangereux…
La plupart de ces mesures ne sont pas ambigues quant au fait qu’elles préservent l’environnement et limitent les GES. Alors que chacun prenne ses responsabilités et agisse.
Je sais, concernant les citoyens, que la plupart des gens qui liront ce message sont déjà sensibilisés à ces actions, mais il reste maintenant à les diffuser. Et là est la plus grande difficulté. (Pour y arriver, nous revenons à ce qu’a dit Muriel dans son troisième point concernant la diffusion des informations auprès du public : il faut des réponses claires.)
Nicolas L