L’avenir est-il au “toujours moins” ou “à ce dont j’ai droit”
Par annotannot le 20 avril 2007
Thème(s) : Consommation, décroissance
Mots clés : démocratie, mode de vie, Vision
La majeur partie des contributions concernent les moyens de réduction de la consommation ou son efficience.
Est-ce là le coeur du débat démocratique qui nous préocupe ici ?
Les problèmes techniques ne résolvent pas lors d’un débat. Ce ne sont que des moyens, débattons des fins d’abord.
Le coeur du débat devrait être ” de quelle quantité d’énergie pourrons nous disposer en 2050 et que voulons nous en faire?”
Par exemple, un test grandeur nature a montré que si l’on propose à des familles de réduire drastiquement leur consommation énergétique, elles étaient prètent à sacrifier le quotidien mais pas sur les vacances par avions vers des iles lointaines.
Imposer les lampes fluocompacts ou améliorer l’isolation des batiments devrait se faire sans changement du mode vie , donc sans résistance.
Une maison à énergie positive sera bientôt un “must” dans certaines couches de la société et s’imposera rapidement plus largement. Par contre ces mêmes personnes considèrent comme déja un grand pas d’acheter une voiture (Prius) qui consomme un peu moins (20%?) que les autres. Elles n’iront pas beaucoup plus loin.
Une sociologie de la consommation énergétique au sens large est donc à faire, à discuter.
Bref, ayons en premier lieu une vision d’un mode vie acceptable pour ensuite y adapter les moyens. Ces moyens seront d’autant plus efficaces qu’ils seront mieux adaptés aux souhaits de chacun.
Je ne crois pas que le problème se pose en ces termes, même si je vous suis complètement dans le besoin d’avoir une vision d’avenir du monde.
L’objectif du facteur 4 (en fait 5, voir mon intervention dans “Autour du débat”) est né de la nécessité de limiter le réchauffement climatique à un maximum de 2° C d’ici la fin du siècle. Cet objectif, en utilisant les modèles mathématiques dont nous disposons), nous impose donc de réduire, d’ici 2050, nos émissions de GES d’un facteur 5 par rapport à ce que nous éméttions en 1990 (je crois bien).
Pourquoi réduire les émissions de GES d’ici 2050 ? Car tout cela a une inertie assez importante, si nous arrêtions toutes les émissions là maintenant, le climat continuerait quand même à se réchauffer pendant quelques décennies.
En conclusion, le “Facteur X” est une notion très claire et qui a été “pensée”, ça ne sort pas du chapeau.
Je complète mon argumentaire ci-dessus pour être encore plus clair.
Une fois cette notion du “Facteur X” comprise, se pose alors là question qui nous occupent ici : comment faire ?
Vient se greffer là-dessus la fin prochaine des ressources fossiles, qui sont aussi par ailleurs émettrices de GES, ce qui complique un peu la chose.
Donc pour répondre directement à votre question, la “fin” est : comment réduire nos émissions de GES de 80% d’ici 2050 tout en anticipant la fin du pétrole ?
On est bien en plein dans le sujet non ??
Romu,
Mon propos est de dire ce que devrait être un débat sur l’énergie:
- Réduire de 80% nos émissions ne fait pas partie du débat démocratique. C’est UN FAIT et je l’accepte. Il faut faire passer l’information, s’intermotiver, etc… mais il n’ y a pas un choix à faire ou un compromis à trouver sur ce chiffre. Personne ne le remet serieusement en cause, donc discutons d’autre chose.
- La recherche de moyens pour arriver à ce facteur 5 est principalement dans les mains des ingénieurs (diodes pour remplacer les lampes fluo, photopiles,…). Il n’y a pas non plus de débat ici sur ces pointsTECHNIQUES. Nous pouvons seulement décider de mettre plus d’argent dans la recherche. Seul le cas du nucléaire pose un problème. Ce problème a été généré par les ingénieurs eux-mêmes. Nous devons les limiter dans leurs excès.
La question qui reste ouverte A TOUS est de savoir dans quels domaines nous accepterons de changer de mode de vie, de comportement…
La société a mis 40 ans à imposer la ceinture de sécurité à toutes les places pour tous les ages, 30 ans pour réduire la place de la cigarette (ce n’est pas fini), etc..
Avons nous 30 ans pour mettre en place les moyens qui permettrons de réduire nos émissions plus tard?
La clée se trouve là: comment voulons nous vivre cette nouvelle civilisation de la limitation.
annotannot:
Je suis pas tout à fait d’accord avec vous: les ingénieurs ne sont pas la clé du problème (et je m’inclus dans le lot: c’est mon métier).
Depuis des décennies, les ingénieurs trouvent des solutions innovantes pour améliorer l’efficacité énergétique. En termes économiques, cela signifie qu’il faut toujours moins d’énergie pour générer un euro de PIB.
Seulement le problème, c’est qu’avec une énergie pas chère (grâce essentiellement au énergies fossiles), le PIB augmente plus vite que l’efficacité énergétique. Donc on consomme nettement plus d’énergie (et donc on émet toujours plus de GES).
Un exemple simple: un frigo d’aujourd’hui est bien moins consommateur qu’un frigo de même taille d’il y a 30 ans. Mais les frigos d’aujourd’hui sont nettement plus gros qu’il y a 30 ans ! Donc en terme de consommation réelle (pas consommation spécifique), il consomme plus que nos frigo d’il y a 30 ans! Et on peut faire le même constat avec tous les équipements (voitures, avions, TV, .
Le seul contre-exemple à ma connaissance, ce sont les équipements électroniques et multimédia (Ordi, TV, Chaine Hifi, etc.) : sauf qu’il y a 30 ans, y en avait qu’une poignée. Aujourd’hui, grosso-modo, y en a 1 par foyer ou pas loin!
Quand aux LBC, c’est une goute d’eau dans l’océan. Arrétons de croire que dès lors que je change une ampoule, je fais un grand geste pour la nature comme le pensent de (trop) nombreuses personnes.
Donc il faut arréter de croire que les ingénieurs résoudront tout. C’est faut. La physique a ses limites et ils sont les premiers à le dire. On ne fera pas voler un avion de Paris à Pointe-à-Pitre avec l’équivalent de moins d’un litre de kéro par passager avant des plombes. Et pendant ce temps là, le traffic aérien aura été multiplié par je sais pas combien si on ne fait rien.
Désolé: dans un monde où chacun comprend vraiment les enjeux (et je vous suis sur la nécessité d’éducation), on se passe plus facilement de vacances aux Antilles que de chauffage chez soi en hiver (la preuve: demandez à cette grande partie de notre population qui ne va pas aux Antilles en vacances!).
Mettre de l’argent dans la recherche, c’est indispensable. Mais penser que c’est le moyen qui va nous sauver est une hérésie.
Ah oui: pour le nucléaire: c’est pas les ingénieurs qui ont poussé pour avoir des centrales nucléaires. Ce sont les politiques. J’ai rien contre mais arrétons de croire à une machination. Les ingénieurs proposent des solutions et mettent en oeuvre celles qu’on leur dit de mettre en oeuvre. J’aime pas du tout votre commentaire “Ce problème a été généré par les ingénieurs eux-mêmes. Nous devons les limiter dans leurs excès.”
Quand les ingénieurs et scientifiques disent “faut arréter les GES”, personne (ou presque) ne les écoutent. Pourtant ils ont des arguments objectifs. Quand ils disent “on a une solution pour vous faire rouler tranquille sur les routes et pas cher”, tout le monde saute sur l’occasion. Vous avez bon dos de culpabiliser les ingénieurs!
Quelques remarques :
- Il est effectivement indispensable de débattre sur notre utilisation de l’énergie. la gestion de l’énergie va faire évoluer nos sociétés, et peut-être les transformer drastiquement. Il faudrait éviter les arguments alarmistes d’un côté et je-m’en-foutiste de l’autres, afin de réfléchir pour de vrai.
- Dans le même temps, rien ne nous empêche d’utiliser tout ce qui marche pour réduire notre impact environnemental (et c’est vaste : mieux isoler les bâtiments, faire évoluer notre politique urbaine pour raccourcir les trajets domicile-travail, encourager l’électroménager à devenir plus économes, et ce ne sont que quelques exemples …)
- Pour l’énergie nucléaire, il me semble que cela reste une des énergies les plus propres et les plus prometteuses. Voyons le pour le contre :
Pour :
- Pas de gaz à effet de serre
- Meilleure indépendance énergétique vis-à-vis des autres pays
- Ressources en uranium importantes
Contre :
- Risque nucléaire au voisinage des centrales
- Radioactivité des déchets pendant des milliers d’année
- Construction coûteuse
Cependant, il est possible de diminuer certains des problèmes liés à l’énergie nucléaire :
o Risque nucléaire : Il faut savoir qu’aucune centrale française n’utilise la technologie fautive dans le drame de Tchernobyl. Il est bien entendu impossible de supprimer tout risque, mais je vois mal un accident grave survenir en France compte tenu des technologies utilisées et de la surveillance importante. Il me semble qu’encore plus de transparence et d’information sur les centrales actuellement en fonctionnement, et moins de sous-traitance amélioreraient la confiance des citoyens. Il est évidemment indispensable que le nucléaire reste sous le contrôle de l’état.
o Radioactivité des déchets : elle serait diminuée dans des centrales de nouvelle génération (quelle erreur d’avoir fermé super-phoenix, qui servait justement à ça). D’autre part, le traitement des déchets peut sans aucun doute être amélioré. Pour cela, il faut investir dans l’amélioration des centrales et dans la recherche sur les déchets.
Il faut aussi relativiser la gravité des déchets nucléaires par rapport aux déchets chimiques. Ceux-ci sont beaucoup plus nombreux, également très dangereux, et resteront pour toujours très actifs, alors que les déchets nucléaires deviennent de moins en moins actifs au cours des années.
Chacun se fera son opinion. En ce qui me concerne, je crois qu’il faut continuer avec l’énergie nucléaire.