L’orientation énergies renouvelables : Mythes et réalités

En 2004, selon l’observatoire EDF, les énergies renouvelables et le nucléaire avaient une participation à peu près identique dans la production mondiale d’électricité. Respectivement 18% (dont 16% d’hydraulique) et 16%.

Aujourd’hui, la part du nucléaire dans l’énergie mondiale est de 8% et contrairement à ce que l’on peut penser, elle est en légère augmentation.
C’est dans ce contexte qu’ont été livrées les très attendues conclusions du GIEC (groupe international d’experts pour l’étude de l’évolution du climat), en janvier 2007.
Ces conclusions avaient deux principaux résultats, aux sentiments contradictoires, qui se complétaient et marquaient bien combien notre temps constitue un moment clé pour l’impact climatique de l’activité industrielle et énergétique mondiale :
a) Ce qui était au début des années 90 une hypothèse théorique d’experts, c’est-à-dire la captation d’une partie du rayonnement de la surface de la terre par des gaz présents dans l’atmosphère terrestre, - CO2, méthane, protoxyde d’azote..-, issus des activités industrielle et énergétique essentiellement, provoquant ainsi un réchauffement de l’atmosphère par un effet de serre, a commencé à être vérifié pratiquement au début des années 2000. Cette augmentation a été chiffrée à environ 0,6° Celsius actuellement [référence années 60-90]. Et lorsque l’on voit les conséquences climatiques de cette donnée qui paraît anodine, on ne peut qu’être inquiet vis-à-vis des conséquences de son évolution à terme, c’est-à-dire plusieurs degrés, dans le siècle. Il faut aussi noter que cette réalité a été contestée, notamment lors du protocole de Kyoto, en 1999, par les américains. Et qu’elle l’est encore aujourd’hui, voir par exemple l’article de Claude Allègre, Le Monde du 26 octobre 2006. Mais il y a maintenant des arguments très solides, notamment la force de la prédiction, en faveur de la théorie de l’effet de serre.
b) Le deuxième résultat, de nature plus optimiste, est qu’une politique adaptée, notamment industrielle et énergétique, peut limiter le phénomène de réchauffement.

Un facteur important, qui n’influence d’ailleurs pas que ce problème, est constitué par la démographie mondiale.
Et au niveau de l’énergie, le point fondamental est relatif au rôle des émissions de CO2, puisque l’on postule que celui-ci compte pour, approximativement, les deux tiers dans l’effet de serre.
Les solutions pour l’avenir:
On voit ici, combien il est à la fois facile de trouver des solutions au problème et difficile de les mettre en œuvre.
Passons sur l’aspect démographique, pour traiter du volet énergétique. Des données initiales il résulte qu’il faut prioritairement s’attaquer au 66% d’électricité issus de la combustion des : pétrole, gaz et charbon. Puis augmenter la part de l’électricité rendue ainsi plus « propre », y compris avec des piles à combustibles, dans les transports notamment. A plus long terme, on peut aussi envisager des applications industrielles du nucléaire à partir de chaleur générée par des réacteurs nucléaires à gaz « hautes températures ».

Ainsi, même en dehors des éléments qui seront développés plus loin, les chiffres montrent combien il est absurde d’opposer le nucléaire et les énergies renouvelables dans cette question.

De multiples problèmes, techniques et politiques, ralentissent la mise en œuvre de tels axes de redéploiement de la production électrique et énergétique.
Un de ces problèmes techniques le plus souvent passé sous silence et sous estimé, est celui des inerties dues aux temps d’études, puis de mise en service, de technologies de pointe en la matière. Sans aller jusqu’au délai d’une à plusieurs centaines d’années que nécessite la mise au point d’un réacteur à fusion thermonucléaire contrôlée, l’exploitation électronucléaire d’une technologie dite de IVème génération, soient des réacteurs nucléaires « rapides » à gaz par exemple, peut demander de 40 à 50 ans d’études. Pour disposer de ce type de réacteurs en 2020/25, il est obligatoire de revenir à une technologie type Super Phénix de réacteurs « rapides » à sodium. L’exploitation industrialisée de la pile à combustible, dont il serait bon de disposer lors de la prochaine décade, aura aussi demandé des dizaines d’années.

On connaît aussi dans le cas du nucléaire, la nécessité politique de faire accepter ce choix par les populations.

En théorie, tout le monde se prononce en faveur du recours à des énergies renouvelables.
Mais lorsqu’une retenue d’eau vient noyer une vallée riche d’histoire et fertile, lorsque l’on veut placer un champ d’éoliennes dans un environnement qui ne s’y prête pas, au niveau du paysage par exemple, on rencontre aussi de fortes oppositions.
En Allemagne, en 1998, le manifeste de Darmstadt a synthétisé une opposition de caractère esthétique et culturelle, mais surtout technique, à l’option allemande de développer des champs d’éoliennes sur un vaste réseau. Cela a été réalisé malgré tout et l’on a pu ainsi vérifier une des affirmations du manifeste : « Quoique l’Allemagne ait pris le devant dans l’expansion de l’utilisation de l’énergie éolienne, il n’a pas été possible jusqu’à présent, de remplacer une seule centrale nucléaire ou une centrale au charbon. Même si l’Allemagne continue à poursuivre cette expansion, cela ne sera pas possible non plus, dans l’avenir ».

En France, le fait que l’Eolien soit totalement livré à l’initiative privée et favorise des champs à la puissance réduite, entraîne de forts délais dans l’investissement global qui ne pourra satisfaire les exigences de la commission européenne. Selon le journal Libération, entre le 1er Février 2005 et le 1er Février 2006, 202 permis de construire ont été délivrés pour des champs d’éoliennes, représentant une puissance totale de 1230 MWe. A ce rythme là on n’atteindra pas le niveau actuel de l’Allemagne, leader mondial de l’Eolien, avant 2020.

On voit donc apparaître les limitations, que peuvent générer les réalités, aux rêves et à l’envie de développer des activités humaines qui préservent totalement l’environnement.

Justement, dans le cadre de la France, quels sont les mythes et réalités liées aux énergies renouvelables

Les énergies renouvelables font à appel à des sources énergétiques renouvelables. Ce sont essentiellement :

- l’hydraulique (barrages et usines marémotrices)
- le solaire (capteurs thermiques ou photovoltaïque, ou focalisateurs de rayonnements solaires sur une chaudière)
- l’éolien
- le géothermique
- la bioénergie : bois, production de méthane, d’éthanol, de diester…

Le mythe le plus souvent utilisé consiste à faire croire qu’avec une grosse concentration de moyens de recherche les énergies renouvelables pourraient se substituer, à terme, aux autres formes de production d’énergie, - nucléaire particulièrement, mais aussi chaudières à charbon, gaz, fuel, essence.. -.

Au moins depuis les années 70, l’EDF, le CEA, le CNRS.. mènent des recherches sur les énergies renouvelables, - solaire : capteurs et chaudière, bioénergies, ..-.
Et en ce qui concerne les actions concrètes : une part non négligeable ( > 10%) de la production actuelle d’électricité provient du renouvelable (Hydraulique : Barrages et usine marémotrice). Pour le bâtiment, des installations solaires, pour l’eau chaude essentiellement, ainsi que des procédés d’isolation par l’extérieur sont disponibles depuis au moins 30 ans. Des installations prototypes utilisant la géothermie ont été lancées il y a déjà longtemps.

En France, il est vrai que l’Eolien a pris du retard par rapport aux autres pays développés, mais ce n’est pas sans raison. Et le pétrole dit « vert » va voir sa proportion portée à 10% en 2010.

Le bilan se présente donc comme suit :

- l’Hydraulique, en France, est quasiment saturé à l’exception du projet de marémotrice Bretagne/ Cotentin notamment,

- On peut et doit faire mieux dans la construction pour le solaire et les économies d’énergies,

- Le Pétrole dit « vert » émet aussi du CO2 (en quantité un peu moindre) et demande une énergie importante au niveau de sa fabrication. Et puis on ne peut lui consacrer la majorité des terres cultivables afin qu’il puisse se substituer au pétrole fossile. Ni pratiquer une déforestation importante pour lui procurer des terres. Enfin, la nécessité de rendement amène à utiliser massivement engrais et pesticides.

- Quant à l’Eolien, sous l’action d’une directive européenne, il va être introduit de manière importante sans que cela conduise à l’arrêt des centrales nucléaires, bien au contraire.

Il est clair que les énergies renouvelables ne peuvent absolument pas remplacer la production du nucléaire et des énergies fossiles. Et l’on a vu plus haut que ce serait une orientation erronée de vouloir substituer le renouvelable au nucléaire.

Mais au niveau de l’Etat, sans parler d’une planification qui n’existe plus, le projet d’investissements pour la production d’électricité jusqu’à 2015 prévoit :

Plus de 20000 MWe de renouvelable dont 17000 MW d’Eolien, 6100 MW de Fossile et l’EPR soit 1600 MW. (Il faut souligner qu’avec cela les émissions CO2 vont augmenter)

On voit que l’on est quasiment à zéro nucléaire, en dehors du fait que l’on va devoir prolonger de 20 ans, si l’on peut, la vie des vieillissantes centrales nucléaires actuelles.
En fait depuis le début des années 90 on est en situation de quasi moratoire sur le nucléaire.

Les réalités de l’Eolien

La puissance électrique éolienne installée dans les pays les plus avancés est donnée dans le tableau ci-dessous : [Selon Wind service Holland PAYS leaders de l’Eolien au 17 novembre 2006]

Pays I German I Spain I US I Denmark
MW éoliens installés I 19540 I 1134 I 10487 I 3137

Malgré cela, il faut souligner que l’Allemagne produit actuellement moins de 6% de son électricité à partir de l’Eolien. Le nucléaire en fournit encore plus de 30%.
Ainsi les termes de l’accord du 14 juin 2000 entre le Gouvernement allemand et les producteurs d’électricité :
« Les 19 réacteurs électronucléaires implantés outre-Rhin seront chacun fermés après 32 années de fonctionnement. Ainsi, le dernier réacteur installé en Allemagne devrait être arrêté en 2021 »,
paraissent aujourd’hui complètement irréalistes.
Pour être complet sur ce cas de référence, on notera qu’en 2005 on répertoriait 64000 emplois liés à l’Eolien chez nos voisins germains.

Cela amène à énoncer quelques vérités sur les éoliennes :

- Passons sur le bruit, les massacres d’oiseaux et l’esthétique de mats de 100 m et plus de haut dans un paysage, les interférences radars.

- La puissance d’une éolienne est proportionnelle à la puissance trois de la vitesse du vent. Autant dire qu’une éolienne ne fonctionne quasiment jamais à sa puissance nominale et que ses performances s’écroulent lorsque le vent faiblit.

- L’expérience montre (France, Californie …) que le facteur de charge d’un parc éolien est au mieux de 30%. Il est en fait au alentour de 20/25 %, à comparer à plus de 80% pour une centrale nucléaire.

- Pour ces raisons, l’Eolien pose un problème sérieux au réseau de distribution d’électricité. D’ailleurs, il semble qu’un parc éolien allemand ait joué un rôle dans la dernière panne européenne de courant [4 novembre 2006]. L’amusant est qu’une des possibilités de régulation et de stabilité du réseau électrique consisterait alors en des réacteurs nucléaires capables de suivre le réseau (là on n’ose pas dire type Super Phénix !).

- L’investissement pour l’Eolien off-shore est supérieur au nucléaire.

- Donc l’Eolien coûte très cher.

Le coût de l’éolien
A travers des lois et arrêtés, de 2000 à 2006, autrement dit de Cochet à Olin, qui oblige l’EDF à racheter le courant éolien de parcs inférieur à 12 MW d’abord, puis sans limites depuis 2005, à des tarifs variables mais aux niveaux toujours très élevés, surtout pour l’off-shore, par rapport au coût de revient du kWh nucléaire, l’Eolien a un surcoût important.

Pour les abonnés EDF on a calculé que l’Eolien engendrerait, dès 2016, un surcoût facturé de l’ordre de 4 Milliards d’euros par an ! Soit plus qu’un EPR.

L’orientation en matière énergétique

L’orientation officielle tout « renouvelable » consiste essentiellement à développer l’Eolien et ce que l’on appelle à tort les biocarburants.

Cela va coûter très cher et, paradoxalement si l’on ne regarde pas les choses en détail, va conduire à une augmentation des rejets CO2. Cela servira aussi malheureusement d’argument, à l’image de l’Allemagne, pour stopper l’engagement nécessaire de l’EPR et arrêter la centrale de Fessenheim.

Il va aussi en résulter des problèmes de capacité de production et de réseau qui pourront engendrer des coupures de courants. En fait on se dirige sûrement vers une distribution électrique sélective, en fonction de contrats privés d’approvisionnement.

Compte tenu des inerties qui ont été mentionnées plus haut, en matière d’énergie les mauvais choix d’hier et d’aujourd’hui deviendront les gros problèmes de demain, - 2010, 2020 -.

Abandonner l’option d’un nucléaire maîtrisé au niveau de la sûreté et des déchets, ce qui est possible : la Loi Bataille de 91 sur les déchets en témoigne, serait un de ces mauvais choix.

Jean-Marie Berniolles Mars.-07

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