les contraintes incontournables des quantités d’énergies disponibles
Par tamain le 13 mars 2007
Thème(s) : Modèle énergétique, Rôles nucléaire et énergies renouvelables
Mots clés : Aucun
Toute réflexion sur l’énergie ne peut se passer d’un examen des ordres de grandeur, c’est-à-dire de la comparaison des besoins aux quantités d’énergie disponibles avec telle ou telle méthode de « production ». Une telle analyse semble souvent manquer dans les débats sur l’avenir énergétique.
Tout le monde en Europe semble d’accord pour porter à 20% la contribution des énergies renouvelables afin de réduire nos émissions de CO2. C’est très bien et c’est possible moyennant des efforts importants quant au développement de l’éolien, du chauffage solaire et des biocarburants. Mais quid des 80% restants. Ils reposeront pêle-mêle sur le pétrole, le gaz, le charbon et le nucléaire. Je ne vois pas comment la lutte contre les gaz à effet de serre ne conduit pas à considérer avec soin l’option nucléaire. Le nucléaire est à la fois sans effet de serre, disponible à la demande (non intermittent) et abondant. C’est à ce niveau que les ordres de grandeur doivent être considérés : il faut 4000 éoliennes de puissance respectable (1MW nominal) pour remplacer un seul réacteur nucléaire, et il y a 59 réacteurs nucléaires en France… Même s’il est nécessaire de développer autant que faire se peut les énergies renouvelables, elles resteront insuffisantes et il faudra leur adjoindre d’autres voies. Compte tenu du problème des gaz à effet de serre, il est incohérent de refuser à priori l’option nucléaire.
Si on regarde maintenant la consommation, les ordres de grandeur sont aussi incontournables : les principaux postes de consommation sont le chauffage, puis les transports. Le premier implique un développement massif du chauffage solaire et une meilleure isolation des habitations. C’est une priorité évidente pour réduire l’effet de serre. Il n’y a pas de verrou technologique, simplement un problème d’ordre organisationnel qui passe par des aides au financement suffisantes, des normes adaptées et claires, et des SAV adéquats. Pour les transports, une modification profonde s’impose : elle passera par le ferroutage pour les marchandises et des pistes existent pour les véhicules utilisant l’électricité et l’hydrogène. Encore faut-il se poser la question des énergies primaires qui les produiront. Là aussi, les ordres de grandeur sont clairs : seuls le solaire et le nucléaire (génération IV) seront suffisamment abondants. La biomasse, compte tenu des rendements et des surfaces limitées, ne pourra satisfaire plus de 10% des besoins Quant au charbon, il est également possible (car abondant pour longtemps) mais il pose le problème de la séquestration du CO2.
Du côté du citoyen, les ordres de grandeur sont aussi essentiels : les principaux gaspillages sont ceux du chauffage inutile ou inadapté et celui de l’utilisation excessive de la voiture. Il faut le dire à nos concitoyens : s’ils veulent agir sur l’effet de serre, il faut d’abord qu’ils ne gaspillent pas dans le domaine du chauffage, de la climatisation et de l’automobile.
Le solaire, on est sur qu’il sera abondant pendant 8 milliard d’années
Le nucléaire génération 4, ce n’est qu’une espérance (pour les pro nucléaires ou une crainte pour les autres) qu’il soit abondant. Je suppose que vous parlez de générateur produisant plus de plutomium qu’on en avait au départ.
Les déboires de super phénix montrent que les espérances ne sont pas toujours transformées en réalité.
et puis, dans ce cas, on aurait abondance de déchets ….
Commentaire sur le commentaire de frank-nat
Les déboires de SuperPhénix furent politiques. En 1996, sur les 60 réacteurs nucléaires opérationnels en France, SuperPhénix fut celui qui eut le meilleur cofficient de disponibilité.
Les réacteurs à neutrons rapides RNR (ce qui est le cas de SuperPhénix) sont des réacteurs “mange-tout”. Ils produisent encore moins de déchets que les réacteurs à neutrons thermiques (ceux d’aujourd’hui) et des déchets à vie courte.
Les réacterurs de 4ème génération et en particulier les RNR sont beaucoup mieux qu’une espérance: SuperPhénix l’a montré (il ne fut arrêté que pour des raisons politiques scandaleuses, criminelles); BN 600 (en Russie) le montre depuis avril 1980 donc depuis 27 ans; l’Inde, après 12 ans d’études de conception faites, d’abord dans le sillage de la France, puis (après l’abandon de Superphénix) dans le sillage de la Russie et du Japon, a entrepris en 2005 la construction d’un RNR (refroidi au sodium comme SuperPhénix) de 500 MW électriques.
Il est aussi dangereux pour l’avenir du monde de se battre contre le nucléaire que de se battre contre les renouvelables ou de refuser la nécessité impérieuse d’économiser l’énergie et d’améliorer l’efficacité nérgétqiue.
Commentaire sur le commentaire de Frank-Nat
Oui c’est vrai: génération 4 n’est qu’un espoir. De même que les semiconducteurs organiques ne sont qu’un espoir pour le photovoltaïque. Mais ces espoirs méritent qu’on tente de les réaliser, et la recherche est justement ce qui devrait permettre de les réaliser. Dans la cas de génération 4, je suis personnellement fasciné par l’utilisation du thorium qui conduirait à une réduction massive des déchets transuraniens, c’est à dire des déchets les plus gênants des réacteurs actuels.
je suis tout à fait d’accord avec les propositions de tamain.
pour la production d’électricité sans GES, le nucléaire génération 3 me paraît malheureusement un passage obligatoire. Mais j’espère la voir remplacer le plus tôt possible par la génération 4 qui devrait diminuer les déchets nucléaires et assurer un approvisionnement sur le long terme (quelques milliers d’années ?) puisque , si j’ai bien compris, l’uranium 238, 100 fois plus abondant que le 235, pourra être utilisé ainsi que le thorium, abondant lui aussi. Je mets aussi de l’espoir dans la fusion, mais il n’est pas certain que ce soit pour le XXIème siècle ?
Donc il faut de la recherche pour la génération 4, et pour la fusion en commençant par ITER.
Pour la consommation, côté bâtiments, il faut sûrement tendre à une excellente isolation (à rendre obligatoire sur les nouveaux bâtiments car c’est plus facile que modifier les anciens), et rendre accessible le chauffage solaire. Il faut aussi améliorer les transports en commun et le ferroutage. Et côté vélos, quand on voit les gigantesques parkings à vélos près des gares suédoises, on voit qu’en France on est très en retard.
Pour que les transports en commun puissent conccurencer sérieusement le véhicule particulier : Il s doivent:
- être disponibles 24h/24 7j/7
- permettent de préparer facilement et sans retard des itinéraires comme avec Mappy pour le véhicule personnel. Et sans attente infinie entre deux transporteurs.
- Puissent déposer à mons de 500 m de chez soi (inventer un interface transport commun - Taxi collectif ?)
Les réserves dites conventionnelles d’uranium avec un total de 15 millions de tonnes d’U naturel, permettraient d’assurer la consommation nucléaire actuelle pendant 250 ans. Cette durée ne peut que décroître avec l’accroissement prévu des équipements nucléaires au niveau mondial.
Si par exemple, la puissance installée au niveau mondial croît progressivement pour atteindre 4 fois la puissance actuelle dans la deuxième partie du siècle, en supposant une généralisation des réacteurs de 3° génération, le recyclage du MOx, les ressources en uranium accessibles à un coût encore faible pourraient permettre de faire face aux besoins jusqu’au milieu du siècle prochain.
C’est mieux que le pétrole et le gaz. Le seul concurrent reste le charbon.
Grâce au nucléaire la France est sortie du charbon, va-t-elle y retourner ?
Ceci ne prend pas en compte les ressources dites non conventionnelles : l’uranium dans les phosphates, charbons … qui pourraient représenter 15 à 25 millions de tonnes supplémentaires.
Il est clair sue le nucléaire durable se chiffrant en dizaines de milliers d’années passe par la surgénération. La surgénération ça marche
Phénix fonctionne depuis 1973 et en Russie la centrale BN 600 de 600 MWe fonctionne parfaitement depuis 1981. Chinois et Indiens en lançant la construction de centrales de ce type ne s’y sont pas trompés, comme les Japonais qui poursuivent leur programme.
Pour Super Phénix, globalement, sur la période de onze ans et deux mois (134 mois) entre le premier couplage (janvier 1986) et l’annulation du décret d’autorisation de création de la centrale, par le Conseil d’Etat (février 1997), ce sont 53 mois de durée cumulée du fonctionnement, 25 mois d’arrêts pour des raisons techniques et 56 mois d’arrêts et des attentes administratives non techniques ou liées à la sûreté.
L’année 1996, la dernière avant les coups de Jarnac de Mesdames Lepage et Voynet, et accords électoraux, a vu une production de 3,9 milliards de kWh et une disponibilité de la chaudière nucléaire de 96 %
Si on compare ces 25 mois d’arrêts, avec la durée des immobilisations techniques des autres prototypes industriels Super Phénix se situe dans la moyenne des durées observées.
Le succès du programme Ariane fût aussi un parcours semé d’embûches.
On est très loin du tableau calamiteux brossé par les opposants