Toute réflexion sur l’énergie ne peut se passer d’un examen des ordres de grandeur, c’est-à-dire de la comparaison des besoins aux quantités d’énergie disponibles avec telle ou telle méthode de « production ». Une telle analyse semble souvent manquer dans les débats sur l’avenir énergétique.
Tout le monde en Europe semble d’accord pour porter à 20% la contribution des énergies renouvelables afin de réduire nos émissions de CO2. C’est très bien et c’est possible moyennant des efforts importants quant au développement de l’éolien, du chauffage solaire et des biocarburants. Mais quid des 80% restants. Ils reposeront pêle-mêle sur le pétrole, le gaz, le charbon et le nucléaire. Je ne vois pas comment la lutte contre les gaz à effet de serre ne conduit pas à considérer avec soin l’option nucléaire. Le nucléaire est à la fois sans effet de serre, disponible à la demande (non intermittent) et abondant. C’est à ce niveau que les ordres de grandeur doivent être considérés : il faut 4000 éoliennes de puissance respectable (1MW nominal) pour remplacer un seul réacteur nucléaire, et il y a 59 réacteurs nucléaires en France… Même s’il est nécessaire de développer autant que faire se peut les énergies renouvelables, elles resteront insuffisantes et il faudra leur adjoindre d’autres voies. Compte tenu du problème des gaz à effet de serre, il est incohérent de refuser à priori l’option nucléaire.
Si on regarde maintenant la consommation, les ordres de grandeur sont aussi incontournables : les principaux postes de consommation sont le chauffage, puis les transports. Le premier implique un développement massif du chauffage solaire et une meilleure isolation des habitations. C’est une priorité évidente pour réduire l’effet de serre. Il n’y a pas de verrou technologique, simplement un problème d’ordre organisationnel qui passe par des aides au financement suffisantes, des normes adaptées et claires, et des SAV adéquats. Pour les transports, une modification profonde s’impose : elle passera par le ferroutage pour les marchandises et des pistes existent pour les véhicules utilisant l’électricité et l’hydrogène. Encore faut-il se poser la question des énergies primaires qui les produiront. Là aussi, les ordres de grandeur sont clairs : seuls le solaire et le nucléaire (génération IV) seront suffisamment abondants. La biomasse, compte tenu des rendements et des surfaces limitées, ne pourra satisfaire plus de 10% des besoins Quant au charbon, il est également possible (car abondant pour longtemps) mais il pose le problème de la séquestration du CO2.
Du côté du citoyen, les ordres de grandeur sont aussi essentiels : les principaux gaspillages sont ceux du chauffage inutile ou inadapté et celui de l’utilisation excessive de la voiture. Il faut le dire à nos concitoyens : s’ils veulent agir sur l’effet de serre, il faut d’abord qu’ils ne gaspillent pas dans le domaine du chauffage, de la climatisation et de l’automobile.

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