Quelle priorité : climat OU énergie ?
Par Herrmiss le 4 avril 2007
Thème(s) : Autour du débat, Consommation, décroissance
Mots clés : choix, GES, priorité
Ce débat perpétue malheureusement une confusion habituelle entre maîtrise de l’énergie et préservation du climat.
S’il est généralement vrai qu’au quotidien consommer moins d’énergie, quelle qu’elle soit, implique une réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce n’est plus du tout vrai quand il s’agit d’investissements. 2 exemples suffiront à le démontrer :
- Au niveau industriel : la capture et l’enfouissement du CO2 issu de grandes installations de combustion implique une consommation accrue d’énergie pour récupérer le CO2 dans les gaz de combustion, le transporter jusqu’au lieu d’enfouissement en profondeur et le comprimer pour l’y injecter. C’est donc au prix d’une consommation énergétique facilement augmentée de 20% qu’on va ainsi éviter le rejet de grandes quantités de GES et réduire la dégradation du climat !
- Au niveau individuel : 2 étiquettes différentes “consommation d’énergie” et “rejets de GES” viennent d’être instituées pour les logements des particuliers. Cette distinction est bienvenue, car il est aisé d’améliorer le classement “effet de serre” en dégradant le classement “énergie” : il suffit, toutes choses égales par ailleurs, de remplacer un chauffage au gaz par une pompe à chaleur électrique ! Dans le calcul “énergie”, l’électricité est en effet pénalisée par un calcul en “énergie primaire” qui impose un coefficient multiplicateur de 2,58, alors que son usage va induire un gain climatique considérable.
Je souhaite donc que ce débat soit très vite clairement recadré : la priorité est-elle à la limitation du réchauffement OU à la baisse de la consommation d’énergie ? IL FAUT CHOISIR, on ne peut pas courir deux lièvres à la fois, même s’il leur arrive de faire un bout de chemin ensemble !
au lieu de produire et de recuperer les dégagments de CO2 ne vaudrait il pas mieux d’une part changer les process de fabrication et d’autre part continuer a économiser l’énergie au maximum ?
il n’y a pas de priorité a l’énergie ou au climat. la seule priorité est le facteur 4 qui dans les simulations du GIEC donne l’équilibre de nos civilisations entre consommation énergétique et évolution du climat.
il me semble que la question que vous soulevez, par ailleurs très justifiée, trouve une part de sa réponse dans la règle suivante :
“produire toujours MOINS, et pour ce qui reste à produire, produire toujours MIEUX”
le MOINS trouve sa solution dans une vraie maitrise de l’énergie (réduction, isolation, sobriété, économie, appelez ça comme vous voulez )
et le MIEUX trouve une partie de sa réalisation dans le durable, et gagne fortement à profiter des nouvelles technologies, à se conformer aux normes les plus strictes, à tenir compte des enquêtes d’impacts etc.
Vu comme ça, en rêvant un peu (et en revenant rapidement sur terre ensuite …) on pourrait imaginer des situations où la réduction de la production (le MOINS)** permette une économie de 25% de production d’énergie, et où la production d’une meilleure énergie (le MIEUX)(en termes durables : GES, impact, …) imposerait un “surcoût” de 20% (cf. Herrmiss) > au final, un gain de 5% (=25-20) allié à une production de meilleure qualité (environnementale) … autant de bénéfices pour la planète.
Je suis utopique ? peut-être ….. mais je préfère le terme “optimiste”, alors !
** ceci nécessiterait une vrai prise de conscience dans toutes les strates de la société ET du monde de l’entreprise ….
@benitoandco : Bien sur que c’est la solution, mais est une volonté politique ajourd’hui ? Non bien sur, le leitmotiv est toujours produire plus. Malheureusement.
Excellent recadrage.
Pour diviser par un facteur 4, on ne va pas pouvoir se contenter des 25% à 30% d’économies d’énergie par ailleurs indispensables.
Ensuite il faudra faire des choix pour la production en fonction des émissions de GES.
Le refus par beaucoup d’une taxe carbone (adaptée bien sûr pour éviter de pénaliser les ménages les plus modestes) montre que leur priorité n’est pas aux problèmes climatiques…