Cette fiche est un extrait d’un entretien avec Jean-Louis Bal, Directeur des énergies renouvelables, des réseaux et des marchés à l’ADEME à paraître dans le magazine Top Santé d’avril 2007.

La production d’énergie éolienne est associée aux centrales thermiques, grosses productrices de CO2, pour fonctionner. Comment dans ces conditions peut-on affirmer que l’éolien est une énergie propre ? Pourquoi continuer à mettre la priorité sur le développement éolien ?

Il faut d’abord rappeler que l’éolien, dans la politique de lutte contre le changement climatique, est un des éléments mais, en aucun cas, la priorité. Il n’a jamais été présenté comme tel (voir le Plan Climat). Le Plan Climat a retenu l’objectif de réduction de 5 Mt CO2 pour l’ensemble des EnR électriques, parmi lesquels l’éolien représente environ 75 %.

Le caractère variable de la production éolienne dans le temps interpelle les experts du domaine et le grand public : faut-il maintenir des centrales à gaz en fonctionnement permanent pour pallier les défaillances imprévisibles de l’éolien ? Ne faut-il pas, au contraire, des nouvelles capacités de production si la puissance éolienne installée atteignait les objectifs affichés dans la loi sur l’énergie (de l’ordre de 12 000 MW éolien en 2010) ?

En premier lieu, la prévision de la production d’un parc éolien à des horizons de quelques heures, essentielle pour la bonne gestion du réseau électrique et pour l’appel des réserves disponibles, a fait de notables progrès, ce qui permet d’éviter de garder en mode veille des centrales à gaz.
En second lieu, rappelons que des travaux prospectifs ont été menés sur les conséquences de l’insertion d’une énergie variable à grande échelle dans le système électrique, à l’initiative de l’ADEME, du RTE en relation avec EDF. Ils montrent tous que le système électrique ne nécessitera que peu de moyens supplémentaires d’ajustement, de l’ordre de 500 MW pour 10 000 MW. Notons au passage, que ces moyens d’ajustements ne sont pas nécessairement fossiles. Il pourrait très bien s’agir de centrales hydrauliques de pompage. Ils montrent, entre outre, que cette puissance éolienne évitera 2 800 MW de puissance conventionnelle.
Ces travaux convergent aussi pour montrer que l’éolien à grande échelle évite bien de grandes quantités d’émissions de CO2. Parmi tous les chiffres issus de ces travaux, le Conseil d’Analyse Stratégique (ex Commissariat au Plan) a retenu le chiffre de 250 g de CO2 évités par kWh éolien. On est donc bien loin des hypothèses des détracteurs de l’éolien qui affirment que celui-ci est émetteur net de CO2.