Il faut former des professionnels !
Par BrigitteB le 10 mars 2007
Thème(s) : Bâtiment
Mots clés : Aucun
Je souhaite diminuer mes émissions de CO2 liées à l’habitation (isolation améliorée, solaire thermique, mais avec une toiture E-O, c’est pas gagné !). Depuis plus de 18 mois, et à plusieurs reprises, j’ai contacté l’ADEME et la Maison de l’Environnement sans en obtenir de conseils pratiques pour trouver des professionnels capables de me conseiller.
Puis le conseiller EDF, consulté, m’a effectivement conseillé d’améliorer l’isolation. A la suite de cela, en décembre, j’ai été contactée par 4 entreprises se réclamant d’un partenariat avec EDF, qui sont venues voir les travaux à réaliser, mais ne m’ont jamais envoyé aucun devis !
J’ai aussi rencontré beaucoup d’”experts” auto-proclamés pour les énergies renouvelables, pleins de bonnes intentions, mais pas bien compétents en général (dont un que j’ai impressionné parce que j’avais des idées de la façon de calculer des pertes thermiques dans une canalisation, lui non !!).
Bref il y a beaucoup de travail pour améliorer l’état du bâtiment ancien en France, et c’est le moment d’en profiter pour installer les renouvelables utiles contre le CO2 (le solaire thermique devrait être généralisé) mais on ne trouve personne pour le faire !
N’est-il pas urgent de dépasser le stade du bricolage pour former de vrais professionnels, et en nombre suffisant ?
Pourtant il a 300 conseillers Espaces INFO-ENERGIE (et l’Ademe va doubler ce nombre) et 10 000 installateurs de solaire thermique formés :
http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=14246
http://www.qualisol.org/
Disposer de professionnels qualifiés est une bonne chose (à mon avis ils sont tout de même trop inégalement répartis sur le territoire mais bon) mais la logique des incitations fiscales m’échappe.
La TVA à 5,5 et les crédits d’impôts ne valent que si l’on fait installer par un professionnel, or le cout de la main d’oeuvre (que je ne conteste pas du tout) est objectivement et naturellement élevé et vient s’ajouter à celui de l’appareillage. L’addition globale est finalement très salée et dissuade de nombreux acheteurs qui ne veulent pas se lancer dans un amortissement à 5 ou 10 ans.
Je pense que le système fiscal est confus : veut-on protéger les générations futures ou stimuler l’emploi ? Si c’est vraiment le premier but qui est poursuivi, les incitations fiscales devraient bénéficier au matériel même s’il n’est pas posé par un professionnel. De nombreux particuliers ont un niveau en bricolage très élevé désormais et avec un bon mode d’emploi, installer un chauffe-eau solaire devient très accessible (panneaux dans le jardin ou sur un toit peu élevé), et je ne parle même pas de l’installation d’un poele flamme verte ou de la pose de rouleaux de laine de roche dans des combles perdus…
La plupart des plombiers de ma ville ont effectivement le label Qualisol ! J’ai tendance à penser que cela signifie qu’ils savent poser un chauffe-eau solaire. Quant à savoir conseiller sur la bonne solution…
Je suis d’accord avec Brigitte B. Les professionnels ne sont pas suffisamment formés aux nouvelles techniques et malgré tous les contrôles précédent l’accord de permis de construire il se construit encore beaucoup de maison et logements en dépit du bon sens : mauvaise orientation du batiment sur le terrain, aucune proposition écologique proposée aux propriétaire (cheminée sans récupérateur de chaleur, pas de récupération des eaux pluviales, pas de panneaux solaires….). Bref on parle et écrit beaucoup mais on réalise peu…
Renseignez vous sur le label Maison Individuel - démarche HQE qui est censé promouvoir les maison HQE donc plus écologique
La démarche HQE(R) n’a pas que peu de rapports avec l’écologie. Vous avez remarqué le petit (R)? Il indique que le sigle HQE(R) n’est pas libre de droit, car il est la propriété d’un consortium privé composé presqu’uniquement des grandes industries du bâtiment. Cela s’appelle du lobbying.
Le conseil des architectes est d’ailleurs parti un peu avec fracas dudit consortium.
Il n’existe pas de corps de métier spécialisé dans l’isolation et la ventilation. (bonne chance pour trouver un organisme pour un test blower door)
Il n’y a que très peu de pros en France qui maîtrisent l’isolation extérieure, les maisons ossature bois (sans même parler des maisons paille), le sarking.
Paradoxalement, les architectes n’ont aucun souci à appliquer la RT2005, mais ils ont toutes les peines du monde à admettre que les bons vieux murs bien épais en pierre ou en pisé, ça isole que dalle. Quand on leur colle des factures sous le nez de 4000l de fioul par an pour 120m², c’est à dire 360kWh/m²/an sous le nez, certains disent même que c’est presque aussi performant que l’ancien!!!
Formez des conseillers énergie, c’est bien dans l’absolu. Mais c’est mettre le problème sous le tapis, car tous leurs interlocuteurs peuvent leur rire au nez et refuser leurs préconisations.
De plus, j’entends souvent les gens se plaindre que leur point info-énergie leur conseille de changer leur système de chauffage pour une PAC, surtout dans l’ancien (souvent aérothermie au rendement d’autant plus déplorable que la ventilation est simple flux ou pire), puis vaguement et éventuellement d’isoler un peu mieux. N’importe quelle étude thermique digne de ce nom (ne serait-ce qu’avec mini-pléïades ou papier+crayon+méthode de calcul “physique” plutôt que “technocratique”) démontre que cette stratégie n’est pas viable. Elle ne permettra même pas d’atteindre dans l’ancien les niveaux de consommation du neuf, sachant que les niveaux théoriques du neuf sont encore insuffisants pour remplir le protocole de Kyoto!
Soit les compétences des 300 conseillers n’ont toujours pas essaimé et il leur reste à former les collègues et managers, soit leur formation est insuffisante (pas assez étayée par des emples quantifiés, peut-être)
La règlementation CSTB concernant l’isolation extérieure est lourde et très restrictive (à la fois sur les techniques et les matériaux). Or l’isolation extérieure est une nécessité (à cause de son efficacité à résoudres les ponts thermiques), et devrait même être une obligation dans le neuf.
Les DTU concernant l’isolation sont complètement à la rue concernant la gestion de l’équilibre hygrothermique des parois, et complètement inadaptés au bâti ancien.
Des formations existent. il y a le BTS fluides energie et environnement dont je suis issu et qui est représenté sur l’ensemble du territoire(plusieurs centaines par an). Cette formation, assez généraliste, donne d’excellente base pour appréhender les concepts de rationnalisation de l’énergie, d’isolation et de production. Aujourd’hui je suis responsable des économies d’énergie d’une ville de plus de 50K hab. Les formations sont bien là! ce sont les postes a pourvoir qui ne sont pas legion alors que ce genre de poste est rentabilisé en 1 à 2 ans.
Si a l’heure actuelle il est difficile de trouver des installateurs il ne faut pas se voiler la face, c’est en grande partie a cause de l’inertie des créations d’entreprises et des faibles demandes. pourquoi un plombier chauffagiste changerait il ses habitudes si continuer à installer des chaudières fioul lui rapporte assez ? se former c’est du temp et de l’argent perdu pour son entreprise tant qu’il y aura des demandes sur ce qu’il sait faire.
Pour les conseillers à l’heure actuelle, il y a les espaces infos-energie, les audits EDF (optima) et GDF peuvent donner les pistes a suivre. aux maitres d’ouvrage ensuite de diriger les entreprises qu’ils consultent dans le bon sens.
Oui il faut former les professionnels et surtout qu’ils réalisent le potentiel énorme du secteur des économies d’énergie surtout dans le bâtiment. Je suis bien d’accord avec toi Clamy, il existe des formations “scolaires”, comme ton BTS ou mon Master I3ER. Mais ce sont des formations pour des responsables énergies comme toi par exemple, ou encore ingénieur bureau d’étude pour ma part. Mais ce qui manque c’est de la main d’oeuvre qualifiée et spécialisée en économie d’énergie.
Ce qu’il faut c’est former les professionnels déjà en place, leur apprendre à faire un bon diagnostique et à conseiller objectivement le client.
J’espère que le DPE (Diagnostique de Performance Energétique) va faire évoluer les choses, puisqu’il doit être accompagné de conseils pour améliorer le bâtiment audité. Mais je pense que l’ADEME doit subventionner à 100% le DPE de manière à ce que tout le monde puisse prendre les bonnes décisions. Le seul problème (qui est le même que la HQE) c’est la récupération par les grosses entreprises du bâtiments qui font ralentir les choses. Comme le souligne Yoghourt, le CSTB est aussi responsable de la mauvaise qualité thermique des constructions française. Le prix facturé pour sortir un nouveau matériau est très élevé et freine le développement de matériaux écologiques qui ont pourtant de meilleurs qualité sur tous les points.
Je crois qu’il faut aider/inciter les profesionnels à se former et à former leurs employés.
Il faut également distinguer ceux qui jouent le jeu, en n’augmentant pas les prix ce qui souvent annule l’effet des aides proposées..
Un ensemble de labels régionaux, décernés par des jurys issus des financeurs (Collectivités locales, Point Info Energie,) et des représentants des consommateurs, permettrait de les distinguer, d’inciter ceux non encore distingués à s’améliorer et d’assurer au consommateur la sécurité d’un professionnel reconnu…